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n°269 - avril 2020
La biodiversité, une composante de la biosphère
Mots clés associés : nature, milieux, ressources, biodiversité | anthropocène | biodiversité | biosphère | conventions internationales | crise écologique
Résumé

Le constat est sans appel. L’érosion de la biodiversité est bien réelle. L’article s’efforce de présenter ce que recouvre la biodiversité : définitions, services rendus, menaces, protection.
La difficulté est de penser la biodiversité comme un des constituants de la biosphère, la condition de la vie sur la planète. La biodiversité ne rend pas seulement de simples services à sauvegarder comme le présentent généralement les institutions mais un enjeu aussi fondamental, mais finalement tellement plus complexe, que le changement climatique et la lutte contre les GES.
Malgré les connaissances acquises et les réactions des institutions et des populations, le déni persiste avec la difficulté à relier, à intégrer l’enjeu d’une gestion durable de la biodiversité à notre vie quotidienne (alimentation, emplois et activités économiques, loisirs, etc.).

Auteurs
Duport Liliane

Diplômée de chimie analytique et d’économie rurale (EHSS) elle a travaillé au ministère de l’agriculture, puis au ministère de l’environnement sur les questions relatives à l’eau et à la gestion des rivières. Elle a coordonné l’élaboration du Cadre de référence pour les projets territoriaux de développement durable et Agendas 21 locaux.
A 4D, elle a participé au projet « Archipel des régions » qui présente, par région, les avancées du développement durable et les grands défis qui se posent aux territoires. Elle est membre du secrétariat d’édition de l’Encyclopédie du développement durable

Texte

« L’être humain n’est pas dans la Nature comme un empire dans un empire »

(Spinoza : introduction à l’Ethique)


En novembre 2017, plus de 15 000 chercheurs issus de 184 pays appelaient l’humanité à opérer sa transition vers la durabilité, afin d’enrayer la dégradation de l’environnement, l’accélération du changement climatique et l’érosion de la biodiversité. Plus récemment, en 2019, le rapport de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité sur l’état mondial de la biodiversité) dressait un constat alarmant de l’état mondial de la biodiversité : un million d’espèces sont aujourd’hui menacées d’extinction.



Plusieurs explications :
La démographie qui conduit l’homme à occuper tous les faciès géographiques et les pollutions qui en découlent,

Cependant, 24 % des français seulement jugent que la biodiversité est un des problèmes environnementaux les plus préoccupants. Ils s’apitoient généralement sur la disparition des grands mammifères qui ne sont que la face émergente de l’iceberg, le sommet d’une pyramide écologique qui va des gènes, aux mammifères en passant par les bactéries, les insectes, les végétaux, etc. et par …. l’homme. Leurs relations constituent autant de chaînes alimentaires - chaque organisme est un maillon, source de nourriture pour le maillon suivant, chaque animal ou plante occupe une niche écologique à la fois son habitat et sa position dans ce réseau complexe qu’est le réseau trophique.
Le comprendre nécessite de s’intéresser à la fois à la dynamique des écosystèmes, à celle des espèces qu’ils abritent et aux pressions exercées par les activités humaines. L’équilibre de la biosphère en dépend, y toucher c’est jouer à l’apprenti sorcier. Pourtant, l’homme n’a eu de cesse d’ « apprivoiser » la Nature dit-il, du moins de la connaître dans un but non pas désintéressé, mais plutôt d’en tirer parti à son seul bénéfice.
L’agriculture et la pharmacie sont, à cet égard, parmi les activités humaines les plus « intéressées ». Cet « intérêt » se révèle aussi malheureusement par des luttes incessantes contre les espèces classées comme néfastes du loup aux moustiques - aujourd’hui l’animal le plus meurtrier de la planète – en passant par les « ennemis » des cultures tués à coup de pesticides avec leurs effets boomerangs collatéraux sur la santé et les sols. Depuis toujours aussi, l’agriculture sélectionne les espèces à production la plus abondante au détriment de la biodiversité. Plus de 90% de la production agricole dépend de 30 espèces végétales et 15 espèces animales.

Disposant du deuxième domaine maritime au monde et d’une palette géographique et bioclimatique de territoires extrêmement variée, la France héberge 10 % de la biodiversité mondiale y compris de nombreuses espèces endémiques qui n’existent nulle part ailleurs et, chaque jour, on y découvre de nouvelles espèces. Mais, en corollaire, la France figure parmi les dix pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées.

 Mais la biodiversité, c’est quoi ? Quelques définitions :

Notion apparue dans les années 1980, en même temps que l’on constate l’érosion des espèces qui la composent, la biodiversité englobe toutes les espèces vivantes sur la Terre, les relations entre elles ainsi que les différents gènes, écosystèmes et espèces. Elle se caractérise à trois niveaux : la diversité génétique, la diversité spécifique - c’est-à-dire la diversité des espèces - et la diversité éco systémique, c’est-à-dire la diversité des écosystèmes.

La diversité génétique recouvre la diversité des gènes (composés d’ADN) de tous les organismes vivants, c’est-à-dire la variété des gènes au sein d’une même espèce (diversité infra spécifique) mais aussi entre différentes espèces (diversité interspécifique). La diversité génétique est l’un des moyens pour les populations d’organismes vivants de s’adapter à des environnements changeants, son appauvrissement qui conduit à une perte générale de diversité biologique, entraîne une plus grande vulnérabilité des écosystèmes.
« Dans le cas de la biodiversité la notion de gestion durable est celle de ’ l’adaptabilité durable ’, à savoir l’identification des composantes ou des processus d’un système écologique qu’il convient de préserver, renforcer, modifier pour que son évolution ne le handicape pas, voire bénéficie aux générations futures. » (Bernard Chevassus-aux-Louis)

Les écosystèmes :
Un écosystème est un ensemble formé par une communauté d’êtres vivants en interrelation (biocénose) avec son environnement (biotope).On distingue communément les écosystèmes terrestres ou continentaux, les écosystèmes forestiers, les agro-écosystèmes, les écosystèmes océaniques, les écosystèmes aquatiques.

Les espèces, les biocénoses :
L’espèce est l’unité de base de la classification du vivant. « Une espèce est une population ou un ensemble de populations dont les individus peuvent effectivement ou potentiellement se reproduire entre eux et engendrer une descendance viable et féconde, dans des conditions naturelles ». Depuis le début des temps fossilifères le nombre d’espèces a augmenté, certaines ont disparu tandis que d’autres apparaissaient. On estime à 100 millions le nombre d’espèces alors que le nombre d’espèces connues est de 1,8 millions.
La diversité des espèces est un indice de qualité, a contrario, l’abondance d’une espèce dominante qui peut traduire son adaptation à un milieu perturbé, ne rend pas compte de la qualité des milieux.

Les habitats, les milieux, les biotopes :
L’habitat est un concept utilisé pour décrire les caractéristiques du « milieu » dans lequel une population d’individus d’une espèce donnée peut normalement vivre et s’épanouir. Il peut s’agir : d’un logement (nid, terrier…), d’un milieu de vie vital pour l’espèce considérée, d’un biotope, d’une niche écologique répondant à ses besoins particuliers. On distingue trois grands « compartiments » d’habitats : l’eau (hydrosphère), l’air (atmosphère) et le sol (lithosphère).

La destruction d’habitats est une des premières causes de perte de biodiversité. La directive européenne « habitat- faune- flore » du 21 mai 1992 (CEE9243) est partie du principe qu’il est illusoire de chercher à protéger les espèces et leurs fonctions écologiques si on ne protège pas avant tout leur habitat. Mais, malgré leur importance, l’observation des habitats est encore aujourd’hui fragmentaire et s’attache surtout aux milieux les plus remarquables.
Un biotope est un type de lieu de vie défini par des caractéristiques physiques et chimiques, géologiques, géographiques et climatologiques, relativement uniformes qui déterminent les formes de vie, pour les populations hébergées, qui composent la biocénose : flore, faune, fonge ou encore les populations de micro-organismes.
En France, 53 % du territoire est constitué de garrigues, landes, dunes, plages, marais, glaciers, milieux encore peu anthropisé qui constituent des réservoirs de biodiversité. La France compte 132 habitats dits d’intérêt communautaire mais seulement 22 % d’entre eux ont été constatés dans un état de conservation favorable sur la période 2007-2012.Les tourbières, les milieux humides (la superficie des zones humides a diminué de 50 % depuis 1970), agro-pastoraux et côtiers sont parmi les habitats les moins bien conservés. Les paysages terrestres et marins sont de plus en plus uniformisés ce qui signifie que leur biodiversité a diminué.

Nombre d’espèces décrites et estimation minimale du nombre d’espèces existantes
D’après WCMC, 1992. Global biodiversity assessment. Chapman & Hall(extrait d‘un power point Bernard Chevassus-au-Louis, INRA 2007)

L’évolution :
« A l’échelle de la biosphère, toutes les espèces résultent d’une histoire évolutive qui s’étend sur deux milliard d’années et qui est une histoire de compétitions, d’antagonismes et de coopérations entre les êtres vivants. Ces interactions négatives ou positives, souvent lâches mais parfois très étroites constituent un des moteurs de l’évolution  » (Bruno Corbara CNRS/université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand). La sélection naturelle est la courroie de transmission de l’évolution, elle permet l’adaptation aux changements de milieux à la condition cependant que la biodiversité soit composée d’une grande diversité d’organismes vivants.
La biodiversité a traversé cinq grandes crises qui se sont caractérisées par la disparition de taxons (espèces, genres, familles) nombreux et variés à l’échelle du globe dans les océans et sur les continents pendant un temps court à l’échelle des temps géologiques (100 000 ans à 1 million d’années). Les causes en sont variées : variation du niveau de la mer, modification du climat, très forte activité volcanique, chute de météorite géant, mouvement des masses continentales. Mais, aussi étonnant que cela puisse paraître les crises n’ont provoqué la disparition que de 5% des espèces éteintes.

Depuis peu la biodiversité traverse une sixième extinction massive, due en grande partie aux activités humaines. En France, à l’heure actuelle, 26 % des espèces sont considérées comme éteintes ou menacées. La planète pourra-t-elle dépasser cette crise ? L’humanité est-elle prête et apte à réagir ?

 Les services rendus par la biodiversité

La biodiversité est souvent abordée par le biais des services rendus à l’Homme. Un recensement des services écosystémiques, services environnementaux ou services écologiques a été conduit de 2001 à 2005, à la demande du Secrétaire général de l’ONU, par un groupe de 1360 experts dans le cadre du Millenium Ecosystems Assessment qui les a classé en quatre types de services :
* les services d’approvisionnement (alimentation, eau),
* les services de régulation de risques environnementaux ou sanitaires susceptibles d’affecter son bien-être,
* les services culturels
* et les services de soutien.
Ce recensement des services rendus converge vers le principal objectif du bien-être humain. Mais, il convient de garder à l’esprit que la biodiversité ne rend pas seulement de simples services, mais qu’elle est consubstantielle à la biosphère dont elle est l’un des quatre constituants du modèle géochimique avec la lithosphère, l’hydrosphère et l’atmosphère. Sans biodiversité- pas de biosphère, pas de vie sur la planète.

SERVICES D’APPROVISIONNEMENT
Cultures : végétaux cultivés et produits agricoles récoltés à des fins d’alimentation humaine ou animale
Elevage de bétail : Animaux élevés pour des usages ou consommations domestiques ou commerciaux
Nourriture Pêcheries : Poissons sauvages capturés par chalutage ou autres méthodes non piscicoles
Aquaculture : Poissons, fruits de mer dans des enclos en eau marine ou douce à des fins de récolte
Aliments sauvages : Espèces comestibles végétales ou animales cueillies ou capturées en milieu sauvage
Fibres Bois d’œuvre et fibres de bois : Produits sylvicoles récoltées dans les écosystèmes boisés naturels, des plantations ou sur des terres non-boisées
Autres fibres (coton, chanvre, soie ...) : Fibres non sylvicoles et non combustibles extraites du milieu naturel pour des usages divers
Biomasse combustible Matière biologique issue d’organismes vivants ou précédemment vivants à la fois végétaux et animaux servant de source d’énergie
Eau douce Masses d’eau intérieures, nappes, eaux de pluie, eaux superficielles destinées à des usages domestiques, industriels ou agricoles
Ressources génétiques Gènes et données génétiques exploitées en sélection animale, amélioration végétale ou biotechnologies
Biochimie, médicaments naturels et produits pharmaceutiques Médicaments, biocides, adjuvants alimentaires ou autre matériaux biologiques employés à usages commerciaux ou domestiques
SERVICES DE REGULATION
Contrôle de la qualité de l’air Emission de substances chimiques (incendies de végétation) dans l’atmosphère ou extraction (puits)
Régulation climatique Emission de GES ou d’aérosols (bétail, rizières) ou absorption de GES ou d’aérosols (forêts)
Régulation des eaux Influence sur rythme et ampleur des ruissellements, des crues, de la recharge des nappes
Epuration des eaux, traitement des déchets Filtrage et décomposition des déchets organiques et des polluants dans les eaux, les sols et les sous-sols
Contrôle des maladies Rôles sur l’incidence et l’abondance de pathogènes humains
Contrôle des ravageurs Rôle sur la prévalence de ravageurs, nuisibles et maladies des cultures et des cheptels
Pollinisation Transfert de pollen des composants mâles aux composants femelles des fleurs (abeilles)
Contrôle des risques naturels Capacité des écosystèmes à atténuer les dégâts des catastrophes naturelles (ouragans, tsunamis) et à réduire la fréquence et l’intensité des incendies naturels (forêts, récifs coralliens)
SERVICES CULTURELS
Loisirs et écotourisme Plaisirs récréatifs
Valeurs éthiques Valeurs spirituelles, religieuses, esthétiques (terres et rivière sacrées, paysages ...)
SERVICES DE SOUTIEN
Cycle des nutriments Flux (azote, phosphore, carbone) par décomposition ou absorption recyclage de nutriments
Production primaire Formation de matière biologique par photosynthèse ou assimilation des nutriments
Cycle de l’eau Transfert d’eau du sol aux végétaux, des végétaux à l’air, de l’air aux pluies

Tableau adapté à partir du Millennium Ecosystem Assessment (2005) dans les Cahiers de l’environnement

L’utilisation thérapeutique des plantes s’est transmise de manière orale et empirique au sein des familles réunionnaises, en fonction des croyances, parfois intégrées à des rituels ou des cultes religieux. L’isolement géographique de l’île de la Réunion, la précarité à laquelle devaient faire face les habitants, le faible nombre d’infrastructures sanitaires et de médecins ont contribué au développement de moyens thérapeutiques issus des plantes médicinales. Aujourd’hui, la médecine traditionnelle réunionnaise s’appuie largement sur les préparations à base de plantes, appelées « zerbaj » en créole réunionnais.

Parmi ces services, la part des biens marchands (nourriture et matériaux) ne représente qu’environ 7 % des services rendus, les autres sont fournis « gratuitement » par la biodiversité : régénération de l’air, fourniture et régulation de l’eau, épuration, régulation du climat, pollinisation, formation des sols etc.

On a dès lors voulu associer à ces services rendus une estimation des coûts et avantages pour ces activités humaines, l’évaluation monétaire étant jugée nécessaire pour être vraiment prise en compte dans les processus de décision.

Ainsi, l’érosion de la biodiversité a-t-elle été chiffrée à 1 350 et 3 100 milliards d’euros par an (Sukhdev, 2010) tandis que les coûts de l’inaction étaient estimés à 13 938 milliards d’euros pour la période 2000-2050, soit 7% du PIB mondial par an en 2050 (TEEB, 2008). Avec le recul, il aura fallu attendre 2019 et le rapport de l’IPBES (plateforme intergouvernementale sur la biodiversité sur l’état mondial de la biodiversité)pour constater que la prise en compte de la biodiversité reste encore peu déterminante dans les choix politiques, économiques et sociétaux.

Une étude récente a, par exemple, estimé que la population actuelle de baleines aurait une valeur supérieure à 1 000 milliards de dollars (Md$), les auteurs estiment que le rôle joué par les baleines dans le piégeage du carbone, pour l’augmentation des stocks de poissons et le tourisme contribuerait, à hauteur de 2 millions de dollars par baleine, aux services éco systémiques mondiaux (étude réalisée par des économistes du FMI avec le concours de Great Whale Conservancy, 2019).

 La productivité des écosystèmes et le concept d’empreinte écologique

A cette idée de productivité ou de production, on peut rattacher le concept de « Solutions fondées sur la Nature » SfN porté par l’UICN (Union Internationale pour la conservation de la nature) défini comme « les actions visant à protéger, à gérer de manière durable et à restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les enjeux de société de manière efficace et adaptative tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité ». Ceci regroupe une multitude d’actions basées sur les écosystèmes, les infrastructures vertes, la réduction des risques de catastrophes, l’ingénierie écologique. Un récent rapport (2019) a été remis au Premier ministre français et au Parlement sur « Des solutions fondées sur la nature pour s’adapter au changement climatique » qui décrit les pistes de travail pour maintenir ou restaurer les écosystèmes en particulier au regard du changement climatique.

A cette estimation de services rendus au bien-être humain s’attache aussi le concept d’empreinte écologique. La vocation de l’empreinte écologique est de comparer les capacités de la biosphère (pour régénérer les ressources naturelles et assimiler les déchets) à la demande humaine. Quelle part des capacités bio productives de la planète est nécessaire pour subvenir à la demande liée aux activités humaines ? (Wackernagel, 2009). Le système de comptabilité de l’empreinte écologique repose sur l’hypothèse que les flux de ressources et de déchets peuvent être mesurés en termes de surfaces biologiquement productives, nécessaires pour produire ou assimiler ces flux.

La brevetabilité du vivant, notion qui date de 1930 aux États-Unis (Plant Patent Act), relève de cette approche en termes de productivité. Dans l’Union Européenne, la brevetabilité du vivant est régie par la directive européenne 98/44. Son article 3.2 stipule qu’ « une matière biologique isolée de son environnement naturel ou produite à l’aide d’un procédé technique peut être l’objet d’une invention, donc d’un brevet, même lorsqu’elle préexistait à l’état nature » |.
Le brevetage du vivant a de lourdes conséquences dans le monde agricole. Quand une plante est brevetée, il est interdit de garder une partie de la récolte pour en faire la semence de l’année suivante. Il est aussi impossible de s’échanger des semences. Or, l’échange entre agriculteurs de semences adaptées aux terroirs est à la source d’une grande agro-biodiversité. Autre conséquence de cette brevetabilité du vivant : au coût de la semence s’ajoute le coût des royalties (ou redevances).
Dès la fin des années 1990, des prospectivistes comme Jeremy Rifkinont pointé les risques pour la biodiversité ainsi que les questions éthiques et assurantielles nouvelles liés au brevetage des gènes, au brevetage d’espèces et au commerce d’espèces génétiquement modifiées par transgénèse.

La biopiraterie est définie, par les pays et les ONG qui la dénoncent, comme une situation où l’accès et l’acquisition de ressources biologiques et du savoir traditionnel associé s’effectuent sans recueil préalable du consentement informé de la part de ceux qui se reconnaissent comme détenteurs de ces ressources et de ces savoirs. « Le scénario de la bio piraterie est simple » dénonce Catherine Aubertin : « Des chercheurs d’une université prélèvent du matériel biologique dans un pays du Sud. Ils isolent et séquencent un gène aux propriétés particulières, connues depuis “des générations” par les populations autochtones. Puis, pour faire reconnaître et protéger leur travail et leur innovation, ils demandent un droit de propriété intellectuelle, généralement un brevet. Enfin, une firme multinationale pharmaceutique ou agrochimique en situation de monopole achète ce brevet dont elle est censée tirer des revenus illimités grâce à la production de médicaments ou de semences génétiquement modifiées ».
Les scientifiques de l’IPBES ont publié, en 2019, la première évaluation depuis 2005 de l’état mondial de la biodiversité. Un million d’espèces sont aujourd’hui menacées d’extinction, en dépit des politiques mises en œuvre. Si on s’attache à protéger ou à restaures certaines espèces reconnues comme « en voie de disparition » comme le Panda géant, emblème du WWF, l’ours des Pyrénées ou encore le loup, ceci n’empêche pas l’érosion générale.

De nombreuses données scientifiques convergent pour souligner l’importance de cette dégradation à l’échelle mondiale, notamment sous l’effet de l’anthropisation des écosystèmes.
* diminution des populations et des aires de répartition de 32% des vertébrés
* diminution des populations d’oiseaux observés en milieu agricole de l’ordre de 30% depuis les années 1990 (Muséum d’histoire Naturelle)
* diminution de plus de 75% de la masse d’insectes volants observée dans 63 aires protégées suivies durant 27 ans (Allemagne)
* déclin des populations et des aires de répartition de 42% des animaux terrestres et des plantes en dix ans (IPBES)
* risque d’extinction de 28% des espèces endémiques de la région pour la région Europe – Asie centrale (IPBES)
* invasion d’espèces exotiques
* dégradation des terres à l’échelle mondiale

Toutes les composantes de la biosphère sont impactées par les conséquences des activités humaines : pollutions, réchauffement climatique, augmentation de la population mondiale. Johan Rockström qui a développé la notion de « limites planétaires » considère que, parmi les neuf limites planétaires à ne pas dépasser pour pouvoir vivre dans un écosystème sûr, cette limite est dépassée pour la biodiversité. Les espèces sauvages ne sont pas seules concernées : plus de 9 % de toutes les races domestiquées de mammifères utilisées pour l’alimentation et l’agriculture ont disparu en 2016. 1.000 races de plus sont menacées.

Croissance démographique et consommation
La croissance démographique fait partie des trois causes de fond de la crise écologique mises en avant dans le rapport de l’IPBES, les autres étant : l’apparition de nouvelles classes moyennes qui accèdent à des niveaux de consommation accrus et la poursuite d’une consommation particulièrement utilisatrice de matières premières par tous.

Face à cette crise écologique, des associations plaident pour une décroissance de la population. Réduire la population mondiale est l’intérêt de tous : êtres humains, animaux, plantes, environnement et climat ! annonce Michel Garenne, démographe (Institut de Recherche pour le Développement). A cela, Gilles Pison (INED) rétorque que : « Si le nombre d’humains a son importance, la façon dont nous vivons compte tellement plus. Pour défendre l’environnement, le plus efficace est de bien éduquer ses enfants.  »

De son côté, Hugo Clément (CNRS) relie crise écologique et crise sanitaire en dénonçant l’agriculture intensive et l’accroissement en nombre et en simplification des races domestiquées pour répondre à une demande de consommation accrue et mondialisée : l’augmentation des transferts de marchandises et de personnes amplifiant les risques de pandémies.

Au final, l’augmentation de la consommation jusqu’à des niveaux très élevés de calories par habitant, et en particulier de la part des produits animaux apparaît comme l’explication la plus importante de la perte d’habitats et de la surexploitation des ressources.

Les menaces pesant sur les écosystèmes et la biodiversité

Ecosystèmes Menaces
Hydrosphère Pollutions
Diminution de la qualité des eaux douces
Assèchement des nappes phréatiques
Atmosphère Effet de serre anthropique
Ozone troposphérique
Ozone stratosphérique
Lithosphère Pollution, érosion, imperméabilisation
Diminution de la qualité des sols
Destruction suite à l’exploitation de ressources (ex. mines)
Forêts Pluies acides Déforestation
Mers et océans Pollutions
Surexploitation et menaces des espèces
Espèces invasives
Rivières et lacs Eutrophisation
Espèces invasives
Zones humides Assèchement, destruction
Déserts et montagnes Désertification, Modification des écosystèmes montagneux

Intervention de l’homme sur les écosystèmes : tableau repris des cahiers de l’environnement
.
Les menaces, souligne le rapport de l’IPBES, portent principalement sur la modification de l’utilisation de l’espace. Aujourd’hui, plus de la moitié des surfaces terrestres libres de glace est fortement modifiée soit en raison de l’utilisation du sol et des ressources naturelles, soit en remplaçant un habitat naturel. (cité par IDDri) par un autre. La manière dont on utilise le sol et les ressources naturelles est modifiée : par exemple, une culture plus ou moins intensive remplace une prairie humide ou des herbages, une plantation forestière remplace une forêt primaire, un habitat naturel est remplacé par un habitat radicalement différent (par exemple la forêt par des cultures).

Ces menaces concernent les biotopes ….. :
• Habitats (artificialisation, infrastructures, urbanisation, stérilisation des sols par agriculture) ;
• Milieux : transformation : déboisement des forêts, assèchements des zones humides, endiguement des cours d’eau ou du littoral, intrants dans les prairies, pollutions des sols et des eaux, etc.

… Et les biocénoses proprement dit en raison :
• des politiques économiques et commerciales dont transports, surpêche et sur-chasse, braconnage, mobilités (échanges commerciaux, loisirs …), bio piraterie, etc.
• des changements des conditions environnementales : température (climat), pollutions, érosion, démographie, météo (ensoleillement, vents, amplitude température, nuit/jour)
• ou encore des catastrophes : incendie, marées noires, glissements de terrain etc. que risquent encore d’aggraver le réchauffement climatique.

La perte de biodiversité se traduit aussi par le développement d’espèces dites « proliférantes » (ex. bloom algal en Bretagne)et d’espèces exotiques envahissantes (ex. moustique tigre, pyrale du buis, sargasse dans les Caraïbes) notamment dans les Outre-mer : 60 des 100 espèces les plus envahissantes au monde étaient présentes dans les Outre-mer en 2016. Les plus concernés étant : la Nouvelle Calédonie (38 espèces), la Polynésie française (36) et la Réunion (34).

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ces espèces envahissantes constituent une des premières causes d’érosion de la diversité biologique au niveau mondial, après la disparition et la fragmentation des habitats. Les répercussions économiques et sanitaires sont souvent considérables.
En France, les grands ensembles de prairies permanentes diminuent depuis les années 50 et la baisse voulue de l’élevage bovin pour cause de GES devrait continuer à y contribuer. Outre-mer, les récifs coralliens sont menacés par des phénomènes naturels (cyclones, étoiles de mer mangeuses de coraux, prolifération d’algues), par les activités humaines (tourisme de masse, pollutions, pêche...) et le réchauffement climatique (acidification des océans, augmentation de la température de l’eau.). Sur la période 1989-2017, l’abondance des oiseaux spécialistes a diminué de 22 % en raison de la dégradation ou la perte des habitats et de l’effondrement des populations d’insectes. Si les habitats forestiers affichent une certaine stabilité, les espèces inféodées aux milieux bâtis et agricoles ont respectivement diminué de 30 % et 33 % sur la période.

L’époque moderne : la sixième extinction (extrait d‘un power point de Bernard Chevassus-aux-Louis, INRA 2007)

 Agir pour la biodiversité

Un grand nombre d’acteurs se mobilisent et agissent pour la biodiversité sans toutefois que se produisent les effets escomptés souvent par manque d’une réelle intégration de cette mobilisation dans le fonctionnement social et les modèles de développement. L’essentiel des progrès réalisés se concentre, pour l’essentiel, sur la « protection formelle » : lois, directives, plans, objectifs, programmes, communication mais que ces textes peinent à être mis en œuvre, dans la mesure où leur application réelle supposerait de remettre en cause le développement de secteurs économiques entiers, par exemple de résister aux pressions générées par l’alimentation mondialisée ou par le développement des transports

En France, les dépenses liées à la protection de la biodiversité (France) étaient estimées à environ 1,9 Md€ en 2010.

Du côté des institutions , on légifère ou on planifie et on expertise, citons :
En France, les lois :

Quelques autres dates étapes :

Le concept de parc national a été défini en 1832 dans un article du New York Times par George Catlin qui propose une politique de protection par le gouvernement d’un « parc où hommes et bêtes auraient conservé le côté sauvage et authentique de leur beauté naturelle ». tandis que on considère que le naturaliste et un explorateur britannique Charles Waterton est le fondateur de la première réserve naturelle au monde en transformant en 1821 sa propriété dans le Yorkshire de l’Ouest, en réserve de gibier et de la vie sauvage et en la protégeant par un mur de trois kilomètres de long.La première réserve naît aux États-Unis où Abraham Lincoln, le 30 juin 1864, déclare terrain public inaliénable la vallée Yosemite en Californie, déclarée parc national seulement en 1890. C’est le parc de Yellowstone qui est considéré comme le premier parc national au monde.

La Convention Ramsar, convention relative aux zones humides d’importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau, est un traité international sur la conservation et la gestion durable des zones humides adoptée en 1972. En 2009, plus de 1800 de ces zones étaient inscrites à la liste Ramsar, soit plus de 1,6 millions d’hectares. Sans pour autant, semble-t-il que ces zones soient soumises à moins de pressions qu’en 1972.

La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction : CITES ou encore connue comme la Convention de Washington, entrée en vigueur en 1975 est un accord international entre Etats. Elle a pour but de veiller à ce que le commerce international des spécimens d’animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent. Les « Parties » signataires sont tenues de l’appliquer et d’adopter leur législation en conséquence.

La Convention sur la diversité biologique (CDB, 1992) , adoptée lors de la Conférence de Rio en 1992 définit la biodiversité comme :« La pluralité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes ».

La Directive européenne « habitat- faune- flore » du 21 mai 1992 (CEE9243) vise le maintien et l’amélioration de l’état des espèces et des habitats dits « d’intérêt communautaire » (qui comptent parmi les plus rares ou les plus menacés d’Europe), afin de garantir leur pérennité à long terme (cette directive ne s’applique pas dans les Outre-mer).

L’article 2 de la loi du 8 janvier 1993 sur la protection et la mise en valeur des paysages et modifiant certaines dispositions législatives en matière d’enquêtes publiques consigne les 5 missions principales des parcs naturels régionaux institué en 1967 par un décret signé du Général de Gaulle.

Le règlement européen REACH (Registration, Evaluation and Authorisation of CHemicals) adopté en 2006, a pour but de protéger la santé humaine et l’environnement face aux risques potentiels des substances chimiques. Désormais, c’est à l’industriel (et l’importateur) des produits chimiques de démontrer leur innocuité pour l’homme et la nature, avant leur mise sur le marché ou leur utilisation. Ce règlement est critiqué pour sauvegarder plutôt les intérêts des industriels qui ont obtenu le droit de continuer à utiliser des substances pour lesquelles les dangers sont avérés, s’ils démontrent qu’ils ne savent pas les remplacer, qu’ils gèrent le risque, et qu’ils étudient la conception de substituts.

La Convention sur la diversité biologique COP 10 de Nagoya et les 20 « Objectifs d’Aichi  » constituent le «  Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 » pour la planète adopté en novembre 2010 au Nations-Unies. Plan qui vise à : « Vivre en harmonie avec la nature", avec comme horizon 2050. D’ici là « la diversité biologique est valorisée, conservée, restaurée et utilisée avec sagesse, en assurant le maintien des services fournis par les écosystèmes, en maintenant la planète en bonne santé et en procurant des avantages essentiels à tous les peuples ».

Les Objectifs d’Aichi recouvrent à la fois des objectifs de moyens (ex. réduire les subventions néfastes à la biodiversité) et de résultats (ex. protection et restauration des forêts). En effet, les parties se sont entendues pour réduire au moins de moitié, ou lorsque c’est possible au plus près de zéro, le taux de perte d’habitats naturels, y compris les forêts, et se sont fixées un objectif de sauvegarde de la biodiversité pour 17 % des zones terrestres et des eaux continentales et pour 10 % des zones marines et côtières ainsi que de réduction des pressions affligeant les récifs coralliens.
L’ Agenda 2030, est le plan d’action pour l’humanité, la planète et la prospérité, validé le 25 septembre 2015 lors de l’ Assemblée Générale des Nations-Unies avec l’objectif affiché dans son titre de : « Transformer notre monde ». Il retient 169 cibles prioritaires regroupés en 17 Objectifs de développement durable (ODD) , Deux de ces 17 ODD concernent directement la biodiversité :

En 2011, l’UE (Union Européenne) a publié sa stratégie en matière de biodiversité avec comme intention de diminuer significativement les menaces qui pèsent sur les écosystèmes aux deux horizons 2020 et 2050.
La France a adopté en 4 juillet 2018 un Plan biodiversité : « Reconquérir la biodiversité, une question de survie pour nos sociétés ». Ce plan prolonge la Stratégie nationale pour la biodiversité (2011-2020) et vise à mobiliser des leviers pour préserver et restaurer la biodiversité lorsque celle-ci est dégradée. Le but exposé est là encore seulement d’améliorer le « quotidien » des Français à court terme et de garantir celui des générations à venir. Ce plan bio diversité institue dans les outils de planification et les projets d’aménagement, la Trame verte et bleue (TVB) qui vise à freiner l’érosion de la biodiversité résultant de l’artificialisation et de la fragmentation des espaces.

Le Pacte vert pour l’Europe (déc. 2019) propose une feuille de route assortie d’actions pour promouvoir l’utilisation efficace des ressources en passant à une économie propre et circulaire, restaurer la biodiversité et réduire la pollution. Il énonce les investissements nécessaires. Au moins 100 milliards d’euros sur la période 2021-2027 dans les régions les plus mobilisées.

En 2019, les états membres du G7 ainsi que le Chili, les îles Fidji, le Gabon, le Niger et la Norvège ont signé « La charte de Metz pour la biodiversité  » qui élève les enjeux liés à la biodiversité au même niveau que ceux du climat.

« La charte de Metz » a reconnu l’importance et la singularité des peuples autochtones et des communautés locales qui représentent près de 1,5 milliard de personnes, soit jusqu’à 20 % de la population mondiale. Leurs pratiques de chasse, culture, élevage et pêche sont favorables à la préservation de la biodiversité, voire en sont les garantes. Ces populations pratiquent des formes d’agroécologie, de gestion durable des forêts ou de sélection des variétés traditionnelles pour protéger les sols, pourtant, la biopiraterie les spolie et les convoitises foncières les menacent. Les communs qui proposent des modalités de gestion de ressources (traditionnellement eau, pâturages, forêts) par des communautés d’usagers et/ou d’intérêt seraient à même de proposer une gouvernance à mettre en place pour une gestion durable de la biodiversité, pour ces populations comme ailleurs dans le monde.

Actualisation - janvier 2023 -


La 15 ième conférence des parties sur la biodiversité COP 15 s’est conclue par un accord dit de Kunning-Montréal le 19 décembre 2021 paraphé par 190 états. « Globalement », il s’agit de protéger 30% de la planète, de restaurer 1/3 des écosystèmes, de réduire de moitié les risques liés aux pesticides et de doubler les financements globaux en faveur de la protection de la nature. Il prévoit un cadre de suivi permettant d’évaluer régulièrement les avancées sans pour autant qu’existe de mécanisme contraignant. A été reconnu, à la satisfaction des intéressés, le rôle majeur des peuples autochtones et des communautés locales en tant que « gardiens de la biodiversité » et l’engagement au respect d’un consentement libre, préalable et éclairé.
Le texte de compromis final proposé par la présidence chinoise contient 4 objectifs et 23 cibles à 2030 pour construire d’ici 2050 un mode de vie « en harmonie avec la nature ». Seulement de ces 23 cibles sont chiffrées alors que reste à définir la façon dont elles seront atteintes et appréciées.
On peut s’interroger sur la capacité de ce dernier accord à engager les changements transformateurs nécessaires alors que l’objectif de baisser de 50% l’empreinte écologique des productions et consommations d’ici à 2030 n’a pas été retenu ou encore que l’objectif de baisser les subventions néfastes est faible.

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Tous ces engagement institutionnels reposent sur l’engagement de nombreux acteurs qu’il s’agisse de scientifiques, d’acteurs économiques, de collectivités, de représentants de la société (ONG), de médias sans pour autant que les progrès attendus soient à la hauteur de leurs engagements et tandis que les tendances mondiales restent alarmantes ou s’aggravent comme le souligne le rapport de l’IPBES.

Pourtant, l’engagement des acteurs et des institutions est déterminant au regard des questions de développement, du commerce, de l’équité qui doivent intégrer la conservation de la biodiversité en particulier au regard des droits de propriété intellectuelle, des droits collectifs et indigènes, des ressources génétiques. L’aide au développement, en particulier, doit en prendre la mesure et concevoir des trajectoires de développement en conséquence.

 La recherche

A l’instar du GIEC pour le climat, un groupe d’experts internationaux spécialisés sur la biodiversité (IPBES) a été constitué en 2012. En 2019, réuni à l’Unesco à Paris, il a publié son rapport sur l’évaluation mondiale de la biodiversité. Cela faisait près de 15 ans, depuis la publication de l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire en 2005, qu’une synthèse des connaissances sur l’état mondial de la biodiversitén’avait pas été produite. 145 scientifiques issus de 50 pays, mandatés par l’ONU, ont travaillé à la réalisation de ce rapport de 1 800 pages. 300 autres experts ont apporté leurs contributions. Le résumé du rapport, à destination des décideurs politiques, a été adopté le 4 mai 2019 par les 132 Etats membres de l’IPBES.
A souligner le rôle éminent du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) créé en 1635 et devenue Muséum d’Histoire naturelle en 1793, avec pour mission fondamentale : mieux connaître et valoriser la nature pour mieux la préserver au travers de missions variées : la recherche fondamentale et appliquée, la conservation et l’enrichissement des collections, l’enseignement, l’expertise et la diffusion des connaissances. Le MNHN est membre fondateur de l’ Union internationale pour la conservation de la nature au niveau international (UICN) en 1948 et du Comité français crée en 1992. Le Comité français de l’UICN regroupe actuellement 2 ministères, 8 organismes publics, 42 organisations non-gouvernementales, ainsi qu’un réseau d’environ 250 experts rassemblés au sein de commissions thématiques et de groupes de travail.

La Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a été créée en 2008, à la suite du Grenelle de l’environnement, à l’initiative des ministères en charge de la recherche et de l’écologie, par huit établissements publics de recherche (BRGM, CIRAD, CNRS, IFREMER, INERIS, INRAE, IRD, MNHN) rejoints ensuite par LVMH, l’ Ineris et l’université de Montpellier.

 Le mouvement associatif

Le rôle des sociétés savantes naturalistes et des associations de protection de l’environnement et de la biodiversité est essentiel tant sur l’observation de la vie biologique que sur le plaidoyer sur la protection de la nature. Déjà à la fin du XIX° siècle les associations de pêcheurs à la ligne dénonçaient les pollutions des industries dont ils étaient souvent les employés. Institutionnalisées, les associations de pêche se sont fédérées en 1947 puis en 2007 en Fédération nationale de la pêche et de la protection du milieu aquatique (FNPF) reconnue d’utilité publique qui coordonne les actions des plus de 3700 Associations agréées de pêche et de protection du milieu aquatique rassemblant plus de 1 500 000 pêcheurs adhérents.
Le Muséum national d’histoire naturel repose depuis longtemps aussi sur les observations des sociétés savantes locales à l’instar de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) fondée en 1912 qui revendique près de 45 000 membres. Nombre d’entre elles ont d’ailleurs évoluées vers des associations locales militantes au sein d’organisations plus structurées comme la FNE (France Nature Environnement) créée en 1968 qui fédère plus de 3 000 associations de protection de la nature et de l’environnement en France métropolitaine et en Outre-mer ou encore Les amis de la terre fondée en 1970. Ces dernières ou encore des associations plus récemment créées comme la Fondation pour la Nature et l’Homme (1990) ou Humanité et Biodiversité font partie des 33 membres représentant la protection de la nature et de l’environnement représentés au Conseil économique, social et environnemental (CESE), devenu environnemental seulement en 2008.

 Les entreprises

La plateforme nationale d’actions globales pour la responsabilité sociétale des entreprises : Plateforme RSE (janvier 2020) reconnait que, de manière générale, la prise de conscience des enjeux liés à la biodiversité s’accroît, mais constate aussi qu’elle est rarement intégrée dans la stratégie des entreprises. Par exemple, l’enjeu de la déforestation importée est encore peu repris dans les activités telles que l’agro-alimentaire, l’énergie, le bois-construction, la finance.

Les actions citées dans les DPRF (déclaration de performance extra-financière) auxquelles sont soumises les grandes entreprises concernent surtout les sites et les intrants qu’elles utilisent. Parmi ces actions, un grand nombre concernent la sensibilisation et à la recherche.

 Le suivi

L’inventaire national du patrimoine naturel (INPN) fait partie des missions du Museum national d’histoire naturel (MNHN) qui gère et diffuse en ligne des informations sur le patrimoine naturel terrestre et marin pour la France métropolitaine et l’ Outre-mer. L’information contenue s’appuie notamment sur l’observation du public à travers l’application INPN Espèces.
Rappelons les 17 objectifs de développement durable (ODD) adoptés par l’Assemblée générale des Nations unies en 2015 et en particulier, les objectifs 14 sur les océans, 15 sur les écosystèmes.
Au niveau européen, l’ Agence européenne de l’environnement est chargée de l’élaboration et du renseignement des indicateurs européens sur l’état et l’évolution de la biodiversité.
Initiée en 2012 par le ministère, l’ évaluation française des écosystèmes et des services éco systémiques (Efese) regroupe un ensemble de travaux d’évaluation qui portent sur les écosystèmes et leurs services à différentes échelles. Dans un cadre itératif et progressif, ce programme vise à construire des outils pour sensibiliser les acteurs aux valeurs de la biodiversité et appuyer la décision. Il permet d’articuler les contributions des différents acteurs (experts, usagers, porteurs de politiques publiques) en vue d’assurer la pertinence pour la décision, la crédibilité scientifique et la légitimité des évaluations aux yeux des acteurs.

 Les normes

Elles concernent tous les secteurs de l’économie :produits, services, environnement, santé, sécurité, énergie, TIC, transports,etc., elle sont destinées aux maîtres d’ouvrages, aux entreprises … et informent par-là même les utilisateurs. Un grand nombre de normes ont un impact sur la biodiversité, positif espère-t-on,mais sans doute encore négatif dans la mesure où les secteurs considérés par ces normes n’intègrent pas cette dimension.
De plus en plus, il est fait appel au génie écologique dans la conception et la réalisation de projets (voir plus haut le concept de SfN), l’Union professionnelle du génie écologique a initié les travaux qui ont conduit à la publication de la norme NF X10-900 en 2012 dont l’objectif est de décrire la méthode de conduite de projets de génie écologique. Son champ d’application ne concerne pour l’instant que les zones humides et les cours d’eau mais ses principes peuvent s’appliquer à tous types de milieux.

 Conclusion

Le constat est sans appel. L’érosion de la biodiversité est bien réelle. Pourtant, malgré les connaissances acquises et les réactions des institutions et des populations, le déni persiste avec la difficulté à relier, à intégrer l’enjeu d’une gestion durable de la biodiversité à notre vie quotidienne (alimentation, emplois et activités économiques, loisirs, etc.).

Avec la difficulté aussi de penser la biodiversité comme un des constituants de la biosphère, la condition de la vie sur la planète. La biodiversité ne rend pas seulement de simples services à sauvegarder comme le présentent généralement les institutions mais un enjeu aussi fondamental, mais finalement plus complexe, que le changement climatique et la lutte contre les GES (gaz à effet de serre).
On ne peut plus désormais aborder la biodiversité sans prendre en compte les contextes culturels et socio-économiques ainsi que les relations dynamiques - c’est-à-dire en évolution - entre les écosystèmes et les activités humaines  : si le développement durable est une façon d’aborder conjointement la croissance, l’environnement et la question sociale, alors le concept de biodiversité introduit une façon nouvelle de considérer les interactions entre les espèces, y compris l’espèce humaine, à toutes les échelles..

« Il en va ainsi pour la santé, les maladies étant souvent liées à des vecteurs associant virus ou bactérie à un système plus ou moins complexe d’hôtes, eux-mêmes interagissant avec d’autres dans un milieu donné soumis à variabilité multiple. Le mode de pensée qu’apporte la biodiversité est en cohérence avec celui qu’implique le développement durable, dont la biodiversité - son maintien et sa gestion - constitue un élément clé  ». Discours de Claudie Haigneré, ancien ministre de la recherche, 2002.

Il est indéniable que l’on peut rattacher la destruction de la biodiversité à la pandémie qui frappe le monde aujourd’hui, comme le montre Gaël Giraud (CNRS) dans un article récent : « En termes d’évolution biologique, il est beaucoup plus “efficace” pour un virus de parasiter l’humain que le renne arctique, déjà en voie de disparition à cause du réchauffement. Et ce sera de plus en plus le cas à mesure que les dérèglements écologiques vont décimer les autres espèces vivantes.
Il est donc grand temps de placer la préservation des écosystèmes au cœur des politiques publiques, en luttant de manière systémique contre destruction de la biodiversité. La conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP 15), qui devrait, si la pandémie du Coronavirus le permet, se tenir à Kunming, en Chine, en octobre 2020 sera-t-elle l’occasion d’adopter un cadre mondial solide pour enrayer la perte de biodiversité ?

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 Annexe

Quelques chiffres - Statistiques clés et faits provenant du rapport IPBES (Source:communiqué de presse 2020)

Chiffres clés généraux

  • 75 % du milieu terrestre est « sévèrement altéré » à ce jour par les activités humaines (milieu marin 66 %)
  • 47 %: pourcentage de réduction des indicateurs de l’étendue et de l’état des écosystèmes mondiaux par rapport à leur état naturel estimé, nombre d’entre eux continuant de diminuer d’au moins 4 % par décennie
  • 28 % : pourcentage de la superficie mondiale des terres qui appartiennent ou sont gérées par les peuples autochtones, y compris plus de 40 % des zones officiellement protégées et 37 % de toutes les zones terrestres restantes ne subissant qu’une très faible intervention humaine
  • +/- 60 milliards : tonnes de ressources renouvelables et non renouvelables extraites dans le monde chaque année, en hausse de près de 100 % depuis 1980 (586-587)
  • 15 % : augmentation de la consommation mondiale par habitant de matériaux depuis 1980
  • 87 %: pourcentage des zones humides présentes au 18e siècle qui ont été perdues en 2000 - la perte de zones humides est actuellement trois fois plus rapide, en termes de pourcentage, que la perte de forêts.



Espèces, populations et variétés de plantes et d’animaux

  • 8 millions : nombre total estimé d’espèces animales et végétales sur la Terre (y compris 5,5 millions d’espèces d’insectes)
  • Des dizaines et même des centaines de fois plus élevé : le taux actuel d’extinction des espèces dans le monde est supérieur à la moyenne des 10 derniers millions d’années, et ce taux s’accélère
  • Jusqu’à 1 million : nombre d’espèces menacées d’extinction, dont de nombreuses au cours des prochaines décennies
  • > 500 000 (+/- 9 %) : pourcentage estimé des espèces terrestres mondiales (5,9 millions en total) ayant un habitat insuffisant pour leur survie à long terme, si leur habitat n’est pas restauré
  • > 40 % : pourcentage des espèces d’amphibiens menacées d’extinction
  • Près de 33 % des récifs coralliens, des requins et des espèces proches, et plus de 33 % des mammifères marins sont menacés d’extinction
  • 25 % : pourcentage moyen des espèces menacées d’extinction chez les vertébrés terrestres, d’eau douce et marins, les invertébrés et les plantes qui ont été étudiés de manière détaillée
  • Au moins 680 : espèces de vertébrés qui ont disparu à cause de l’action de l’homme depuis le 14ème siècle
  • +/- 10 % : estimation provisoire du pourcentage d’espèces d’insectes menacées d’extinction
  • > 20 % : pourcentage de diminution de l’abondance moyenne des espèces autochtones dans la plupart des grands biomes terrestres, principalement depuis 1900
    +/- 560 (+/- 10 %) : races des mammifères domestiques ayant disparu en 2016, et 1000 de plus sont menacées d’extinction
  • 3,5 % : races domestiquées d’oiseaux ayant disparu en 2016
  • 70 % : augmentation depuis 1970 du nombre d’espèces exotiques envahissantes dans les 21 pays ayant des dossiers détaillés
  • 30 % : réduction de l’intégrité de l’habitat terrestre mondial, causée par la perte et la détérioration de l’habitat
  • 47 % des mammifères terrestres non volants et 23 % des oiseaux menacés ont probablement vu leur répartition affectée par l’impact du changement climatique
  • > 6 : espèces d’ongulés (mammifères à sabots) qui auraient probablement disparu ou survécu de nos jours uniquement en captivité si des mesures de conservation n’avaient pas été prises.



Alimentation et agriculture

  • 300 % : augmentation de la production des cultures vivrières depuis 1970
  • 23 % : pourcentage des terres qui ont connu une réduction de leur productivité en raison de la dégradation des sols
  • > 75 % des types de cultures vivrières mondiales dépendent de la pollinisation par les animaux
  • 235 à 577 milliards de $ US : c’est le montant annuel de la production agricole mondiale en péril en raison de la disparition des pollinisateurs
  • 5,6 gigatonnes : quantité des émissions annuelles de CO2 retenues dans les écosystèmes marins et terrestres - ce qui équivaut à 60 % des émissions mondiales dues aux combustibles fossiles
  • +/- 11 % de la population mondiale est sous-alimentée
  • 100 millions d’hectares d’expansion agricole dans les régions tropicales de 1980 à 2000, principalement due à l’élevage du bétail en Amérique latine (+/- 42 millions d’hectares), et aux plantations en Asie du Sud-Est (+/- 7,5 millions d’hectares, dont 80 % de palmiers à huile). La moitié de cette expansion s’est faite au détriment de forêts tropicales intactes
  • 3 % : pourcentage d’augmentation de la transformation des terres destinées à l’agriculture entre 1992 et 2015, principalement au détriment des forêts
  • > 33 % de la surface terrestre du monde (et +/- 75 % des ressources en eau douce) sont consacrées à la culture ou à l’élevage
  • 12 % des terres émergées non couvertes par les glaces sont utilisées dans le monde pour la production agricole
  • 25 % des terres émergées non couvertes par les glaces sont utilisées pour le pâturage (dont +/- 70 % des terres arides)
  • +/- 25 % : émissions de gaz à effet de serre causées par le défrichement, la production agricole et la fertilisation ; la production de nourriture d’origine animale qui contribue à 75 % de ce chiffre
  • +/- 30 % de la production agricole mondiale et de l’offre alimentaire mondiale sont fournies par de petites exploitations (< 2 hectares), qui utilisent +/- 25 % des terres agricoles, et conservent généralement une agro biodiversité riche
  • 29 % des exploitations agricoles mettent en œuvre des pratiques de production agricole durable dans le monde entier (représentant 9 % de toutes les terres agricoles)
  • 68 % des capitaux étrangers allant aux secteurs du soja et de viande bovine (principale transformation de l’Amazonie) transitent par des paradis fiscaux
  • 100 milliards de dollars US : niveau estimé du soutien financier fourni par les pays de l’OCDE (2015) à un type d’agriculture potentiellement nocif pour l’environnement.



Océans et pêche

  • 33 % des stocks de poissons marins en 2015 étaient exploités à un niveau biologiquement non durable ; 60 % étaient exploités au maximum et 7% étaient sous-exploités
  • > 55 % : zone océanique exploitée par la pêche industrielle
  • 3 à 10 % : diminution prévue de la production primaire nette des océans due au changement climatique d’ici la fin du siècle
  • 3 à 25 % : diminution prévue de la biomasse de poissons d’ici la fin du siècle dans les scénarios de réchauffement climatique bas et haut
  • > 90 % : pourcentage des pêcheurs professionnels mondiaux relevant de la pêche à petite échelle (plus de 30 millions de personnes) - qui représente près de 50 % des prises mondiales de poissons
  • Jusqu’à 33 % : pourcentage estimé en 2011 des prises de poissons dans le monde signalées comme étant illicites, non déclarées ou non réglementées
  • 70 % : pourcentage des bateaux impliqués dans la pêche illicite, non déclarée et non réglementée soutenue par des fonds qui transitent par des paradis fiscaux
  • > 10 % : diminution par décennie de l’étendue des herbiers marins de 1970 à 2000
  • +/- 50 % : couverture des récifs coralliens qui a disparu depuis les années 1870
  • 100 à 300 millions : habitants de zones côtières à risque accru en raison de la disparition de la protection des habitats côtiers
  • 400 : écosystèmes côtiers à faible teneur en oxygène (hypoxiques), dits « zones mortes » causées par les engrais et occupant > 245.000 km2
  • 57 % : pourcentage des subventions pour le renforcement des capacités qui peuvent avoir un impact négatif sur la nature, sur un montant total de 35 milliards de dollars US consacrés à des mesures de soutien pour la pêche
  • 29 % : réduction moyenne du risque d’extinction pour les mammifères et les oiseaux dans 109 pays grâce aux investissements pour la conservation réalisés de 1996 à 2008 ; le risque d’extinction des oiseaux, des mammifères et les amphibiens aurait été d’au moins 20 % sans cette action de conservation au cours des dernières décennies
  • > 107 : espèces d’oiseaux, de mammifères et de reptiles très menacées qui ont bénéficié de l’éradication des espèces mammifères envahissantes dans les îles.



Forêts

  • 45 % : augmentation de la production de bois brut depuis 1970 (4 milliards de mètres cubes en 2017)
  • +/- 13 millions : emplois dans l’industrie forestière
  • 50 % : expansion agricole qui a eu lieu au détriment des forêts
  • 50 % : diminution du taux net de perte de forêt depuis les années 1990 (excluant celles gérées pour fournir du bois ou pour extraction agricole)
  • 68 % : superficie forestière mondiale actuelle par rapport à celle estimée à l’époque préindustrielle
  • 7 % : réduction de la superficie des forêts intactes (> 500 km ² sans pression humaine.) de 2000 à 2013 dans les pays développés et en voie de développement. La réduction est particulièrement rapide dans les régions tropicales
  • > 75 % : réduction de l’étendue naturelle des forêts de mangrove
  • 290 millions d’hectares (+/- 6 %) : couverture forestière autochtone qui a disparu de 1990 à 2015 en raison du déboisement et de la coupe de bois
  • 110 millions d’hectares : augmentation de la superficie de forêts plantées de 1990 à 2015
  • 10 à 15 % : approvisionnement mondial en bois fourni par l’exploitation forestière illégale (jusqu’à 50 % dans certaines régions)
  • > 2 milliards : nombre de personnes qui utilisent le bois comme combustible pour répondre à leurs besoins en énergie primaire.



Mines et énergie

  • <1 % : superficie totale des terres utilisées pour l’exploitation minière, mais cette industrie a des effets négatifs importants sur la biodiversité, les émissions, la qualité de l’eau et la santé humaine
  • +/-17 000 : sites miniers de grandes dimensions (dans 171 pays), principalement gérés par 616 sociétés internationales
  • +/-6 500 : installations d’extraction de pétrole et de gaz en mer (dans 53 pays)
  • 345 milliards de dollars US : subventions mondiales pour les combustibles fossiles entraînant des coûts globaux de 5 000 milliards de dollars US, y compris les effets externes de détérioration de la nature ; le charbon représente 52 % des subventions après impôts, le pétrole +/-33 % et le gaz naturel +/-10 %.



Urbanisation, développement et questions socio-économiques

  • >100 % : croissance des zones urbaines depuis 1992
  • 25 millions de km : longueur des nouvelles routes goudronnées prévue d’ici 2050, dont 90 % dans les pays les moins avancés et les pays en voie de développement à revenu faible et intermédiaire
  • +/-50 000 : nombre de grands barrages (>15 m de hauteur) ; +/-17 millions de réservoirs (>0,01 ha)
  • 105 % : augmentation de la population humaine mondiale (de 3,7 à 7,6 milliards) depuis 1970
  • 50 fois plus élevé : PIB par habitant dans les pays à revenu élevé par rapport aux pays à faible revenu
  • >2 500 : conflits pour les combustibles fossiles, l’eau, la nourriture et la terre actuellement en cours dans le monde
  • >1 000 : militants écologistes et journalistes tués entre 2002 et 2013.



Santé

  • 70 % : proportion de médicaments anticancéreux naturels ou synthétiques inspirés par la nature
  • +/-4 milliards : personnes dépendant principalement des médecines naturelles
  • 17 % : pourcentage de maladies infectieuses propagées par des vecteurs animaux, causant plus de 700 000 décès par an
  • +/-821 millions : personnes confrontées à l’insécurité alimentaire en Asie et en Afrique
  • 40 % : population mondiale n’ayant pas accès à de l’eau potable propre et salubre
  • 80 % : eaux usées mondiales rejetées non traitées dans l’environnement
  • 300 à 400 millions de tonnes : métaux lourds, solvants, boues toxiques et autres déchets provenant d’installations industrielles déversés annuellement dans les eaux du monde
  • 2 fois : augmentation de l’exposition aux polluants atmosphériques subie par les citoyens des pays à faible revenu
  • 10 fois : augmentation de la pollution plastique depuis 1980.



Changement climatique

  • 1 degré Celsius : différence moyenne des températures mondiales en 2017 par rapport aux niveaux préindustriels, en hausse de +/-0,2 (+/-0,1) degré Celsius par décennie
  • >3 mm : élévation annuelle moyenne du niveau de la mer dans le monde au cours des deux dernières décennies
  • Augmentation de 100 % des émissions de gaz à effet de serre depuis 1980, ce qui a fait augmenter la température moyenne de la planète d’au moins 0,7 degré
  • 40 % : augmentation de l’empreinte carbone du tourisme (4,5 Gt de dioxyde de carbone) de 2009 à 2013
  • 8 % : émissions totales de gaz à effet de serre provenant des transports et de la consommation alimentaire liée au tourisme
  • 5 % : pourcentage estimé des espèces en voie d’extinction si les températures augmentent de 2 ° C et 16 % si le réchauffement climatique atteint les 4,3 ° C
  • Même avec un réchauffement de la planète de 1,5 à 2 degrés, la majorité des aires de répartition des espèces terrestres devrait se contracter de manière importante.



Objectifs mondiaux

  • Le plus important : les objectifs d’Aichi en matière de biodiversité pour 2020 risquent de ne pas être atteints
  • 25 % : pourcentage des objectifs en voie d’être atteints dans le cadre de six accords mondiaux relatifs à la nature et à la protection des biens communs environnementaux mondiaux (CMS, CITES, WHC, IPPC, UNCCD, Ramsar)
  • 22 sur 44 : objectifs évalués au titre des objectifs de développement durable concernant la pauvreté, la faim, la santé, l’eau, les villes, le climat, l’océan et la terre compromis par des tendances négatives importantes pour la nature et ses contributions aux populations
  • 72 % : pourcentage des indicateurs locaux de nature développés et utilisés par les peuples autochtones et les communautés locales montrant des tendances négatives
  • 4 : nombre d’objectifs d’Aichi [1] pour lesquels des progrès satisfaisants ont été réalisés sur certaines déclinaisons, avec des progrès modérés sur certaines déclinaisons pour 7 autres objectifs, de faibles progrès sur toutes les déclinaisons pour 6 objectifs et des informations insuffisantes pour évaluer les progrès sur certains ou tous les éléments des 3 autres objectifs
  • 22 sur 34 : indicateurs relatifs à la mise en œuvre des réponses politiques et des actions visant à préserver et à utiliser la nature de manière plus durable lorsque des progrès significatifs ont été réalisés
  • 9 des 13 indicateurs liés à la prise en compte des facteurs de perte de biodiversité pour lesquels des tendances à la détérioration significative sont apparentes
  • 10 % : pourcentage les zones côtières/marines (et 17 % des zones terrestres et des eaux intérieures) désormais conservées (Objectif Aichi 11)
  • +/-15 % : environnements terrestres et d’eau douce (et +/-7 % du domaine marin) protégés, bien que de nombreux sites importants pour la biodiversité ne soient que partiellement couverts et que les sites ne soient pas encore pleinement représentatifs du point de vue écologique ou ne soient pas gérés de manière efficace ou équitable.
Notes

[1 - Objectif 9 : identifier et prioriser les espèces exotiques envahissantes ; - Objectif 11 : conservation de 10% des zones côtières et marines et 17 % des zones terrestres et des eaux intérieures ; - Objectif 16 : entrée en vigueur du Protocole de Nagoya ; - Objectif 17 : élaboration d’une stratégie et de plans d’action nationaux pour la diversité biologique.

Bibliographie

Ce texte se réfère et fait de larges emprunts aux documents ou sites cités ci-dessous :

 Rapport de synthèse de l’Évaluation des Écosystèmes pour le Millénaire 2005
 Bernard Chevassus-aux-Louis : Biodiversité,un nouveau regard – Refonder la recherche agronomique, les leçons inaugurales du Groupe ESA, 2006
 Institut de France Académie des sciences : Libres points de vue d’Académiciens sur la biodiversité, juillet 2010.
 Bruno Maresca, Xavier Mordret, Anne Lise Ughetto et Philippe Blancher : Évaluation des services rendus par les écosystèmes en France Les enseignements d’une application du Millennium Ecosystem Assessment au territoire français Développement durable et territoires, Vol. 2, n° 3, Décembre 2011
 Elodie BRAHIC (Irstea) Evaluation économique de la biodiversité et des services rendus par les écosystèmes 2013
Biodiversité – Les chiffres clés – Édition 2018 –
 G7 mai 2019 : Charte de Metz sur la Biodiversité
 OCDE « Biodiversité : Finance, économie et étude de cas pour l’action pour la biodiversité »
 Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique : Des Solutions fondées sur la Nature pour s’adapter au changement climatique – Rapport au Premier ministre et au Parlement, La documentation Française 2019
 Yann Laurans, Aleksandar Rankovic (Iddri) : Comment enrayer l’érosion continue de la biodiversité ? Observations issues d’une lecture de l’Évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques de l’IPBES (mai 2019)
 Communication de la commission au parlement européen, au conseil européen, au conseil, au comité économique et social européen et au comité des régions : Le pacte vert pour l’Europe- com (2019) 640- final (qui veut « Transformer l’économie de l’UE pour un avenir durable » avec parmi ses objectifs 2.1.7. Préserver et rétablir les écosystèmes et la biodiversité (2.1.7.) (déc 2019).
 Gaël Giraud : DEPISTER, DEPISTER, DEPISTER, 2020
 Sylvain BOUCHERAND and all, : Empreinte biodiversité des entreprises, plateforme RSE, France stratégie, (janv 2020).

Lire également dans l'encyclopédie

dans l’encyclopédie
* Gilles Pison : Les perspectives démographiques mondiales, N° 252 , septembre 2018.
* Marc Darras :Les objectifs du développement durable (O D D). : Outils d’une stratégie mondiale à l’horizon 2030, N° 253 , octobre 2018.
* Christiane Gilon, Glauco de Kruse Villas Bôas : Le REDESFITO - Réseau brésilien d’innovation en médicaments de la biodiversité - Une contribution au débat sur le rôle de l’innovation, N° 228/229 , février 2016.
* Marie Chéron, Liliane Duport : Anticipation du changement climatique, enjeu phare pour le littoral - Languedoc Roussillon - Le développement durable en Languedoc Roussillon, N° 203 , février 2014.
* Marie Chéron, Fanny Deleris : Face à l’érosion, quelle gestion durable de la biodiversité ?, N° 172 , octobre 2012.
* Liliane Duport, Sarah Née : Valoriser des ressources naturelles exceptionnelles : un défi de Développement Durable pour l’Ile de La Réunion, N° 164 , juillet 2012.
* Lydia & Claude Bourguignon : La seule agriculture durable est celle qui respecte les lois de la biologie du sol., N° 141 , mai 2011.
* Aurélien Boutaud, Natacha Gondran : Empreinte écologique : Comparer la demande et l’offre de ressources régénératives de la biosphère, N° 105 , décembre 2009.
* Catherine Aubertin : La biopiraterie., N° 7 , mai 2006.
* Catherine Aubertin : Les compromis de la Convention sur la diversité biologique., N° 3 , mai 2006.

Sur Internet

Les principaux sites visités pour la rédaction de cet article :
• Ministère de la transition écologique et solidaire https://www.ecologique-solidaire.go...)
• Museum national d’histoire naturel (MNHN) : https://www.mnhn.fr/
• Agence française pour la biodiversité (AFB) :https://www.afbiodiversite.fr/
• Observatoire national de la biodiversité (ONB) : http://www.naturefrance.fr/observat...
• Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) :https://inpn.mnhn.fr/accueil/index
• Système d’information sur la biodiversité de l’Europe (SIBE) : https://biodiversity.europa.eu/
• Stratégie du gouvernement : France stratégie : http://www.strategie.gouv.fr/
• Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) : http://www.iddri.org/
• Démographie responsable : http://www.demographie-responsable.org/
• Les cahiers du développement durable, Institut Robert Schuman, Eupen (Belgique) : http://www.cahiers-developpement-du...
• Evolution.biologique.org : http://www.evolution-biologique.org/
• Revue d’histoire naturelle : espèces .org : https://especes.org/
• Actuenvironnement.com : https://www.actu-environnement.com/
• Cites.org : https://www.cites.org/
• Ritimo.org : https://www.ritimo.org/
• Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/

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