Lettre n°06----- Eté - Automne 2018
Les Objectifs de Développement Durable (ODD) : le grand écart entre intentions et actions
Voilà maintenant trois ans qu’en septembre 2015 193 pays se sont engagés - lors d’un Sommet des Nations Unies - à respecter 17 grands objectifs du développement durable définis dans le cadre d’un agenda mondial à l’horizon 2030. Un peu plus de deux décennies après la Conférence de Rio, et suite à une initiative prise à RIO+2O, toute la communauté internationale a accepté de s’inscrite dans une démarche couvrant l’ensemble des dimensions du développement durable – écologique, économique et sociale. Par son souci de précision – avec ses 17 objectifs, ses 169 cibles et ses 244 indicateurs – l’Agenda 2030 fournit désormais à priori le référentiel international dont les politiques de développement durable avaient besoin, un référentiel qui s’applique à tous les niveaux, du plus local à la planète toute entière.
Quinze ans auparavant les Nations Unies avaient lancé une autre stratégie – également pour 15 ans mais ciblée sur les pays du Sud - avec un nombre beaucoup plus limité d’objectifs – les 8 objectifs du « millénaire pour le développement » (OMD) : la lutte contre la faim, les maladies infectieuses et la mortalité infantile, l’accès à l’éducation primaire, l’égalité homme femme, la réduction de la grande pauvreté, l’augmentation de l’aide au développement, auxquels on avait ajouté le développement durable, envisagé surtout comme l’accès à l’eau et à un environnement sain. En passant de 8 à 17 objectifs on est parvenu à une stratégie beaucoup plus complète et cohérente en matière de développement durable et qui a, désormais, le mérite d’être universelle. Mais certains se sont à juste titre inquiétés de l’ambition démesurée du cadre d’action proposé et du risque, qu’à force de vouloir tout couvrir, il reste finalement inopérant – à l’inverse de la stratégie précédente. Des questions ont aussi été posées sur la pertinence d’objectifs s’imposant de manière commune à des Etats ayant des niveaux de développement qui n’ont absolument rien à voir les uns avec les autres.
Malgré ces inquiétudes légitimes, les ODD ont cependant un très grand atout : celui d’offrir aujourd’hui un cadre commun relativement clair pour s’approprier plus concrètement le développement durable – ce qui commence, en effet, à être fait dans l’éducation, les politiques publiques, les systèmes d’information, les entreprises, les négociations internationales, mais aussi les actions locales et citoyennes. Toute une dynamique d’appropriation – à laquelle participe activement 4D - s’est mise en route depuis 2017 – et la publication dans l’Encyclopédie de l’article de Marc Darras sur les ODD s’inscrit dans ce mouvement. On peut en attendre à la fois une plus grande mobilisation sur certains thèmes écartés du débat public, et une meilleure cohérence dans les politiques de développement durable – les Agendas 21, les plans climat énergie etc. Il ne faudrait pas cependant que cela vienne se substituer à la nécessité de véritables stratégies d’action – dont la démission récente de Nicolas Hulot a montré à la fois les lacunes actuelles, les obstacles et l’urgence absolue. Les ODD peuvent être un bon outil de sensibilisation et d’implication, mais, au-delà des objectifs, nous avons également besoin de savoir COMMENT engager rapidement les actions ou accélérer les transformations sans lesquelles la transition écologique et solidaire sera un échec et les « catastrophes » redoutées en matière de climat, de biodiversité, de migrations, d’explosion des inégalités, inévitables. Entre d’un côté les bonnes intentions et, de l’autre, la lenteur des actions et la montée inexorable dans le monde des risques écologiques, des bouleversements démographiques ou économiques, de la xénophobie et de l’intolérance, l’écart ne fait en effet que croitre. Sans nier le besoin d’objectifs clairs, Il faut rappeler que le développement durable est d’abord une question de moyens, de compréhension des urgences et de définition de priorités - autant que de cohérence globale. Sur ce terrain-là aussi, comme sur les ODD, la mobilisation de tous sera indispensable et l’Encyclopédie y contribuera à sa manière, comme elle l’a fait depuis dix ans.
Les principales contributions de l’Encyclopédie du développement durable aux thèmes proposés par les ODD portent sur les objectifs :
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Des correspondants :
L’Académie de l’Eau ( http://academie-eau.org/fr ) a été créée en 1993 à l’initiative du Ministère de l’Environnement et des six Comités de bassins français. C’est une structure de réflexion et de proposition pluridisciplinaire, intersectorielle et prospective sur les divers aspects de la gestion des ressources et des multiples usages de l’eau, en France, en Europe et à l’international. Elle a pour objet de valoriser le patrimoine-eau et de contribuer à la prise de décisions. Elle se veut le reflet des exigences de la société sur l’eau dans un cadre de développement durable. |
Le Fonds français pour l’alimentation et la santé (FFAS) a pour mission l’étude et la mise en valeur d’une alimentation source de plaisir et de santé. Il se veut un lieu d’échange et de mutualisation des forces, des connaissances et expertises de toutes les parties prenantes : chercheurs, pouvoirs publics, institutions, industries… Ses actions consistent à mettre des données scientifiques à disposition du public pour objectiver les enjeux liés à l’alimentation et les débats sur l’alimentation ; établir des états des lieux de la connaissance scientifique et repérer éventuellement les études complémentaires nécessaires ; financer des recherches et expérimentations, lorsque les connaissances disponibles sont insuffisantes ; engager ou soutenir des actions concrètes de terrain pour favoriser des comportements et modes de vie favorables à la santé. |
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