Lettre n°12 ----- Juillet 2020

5 juillet 2020

Après la vague verte, hommage à Michel Mousel

Grâce à la prise de conscience par des citoyens de plus en plus nombreux de l’urgence écologique au regard de l’emballement du climat, de la chute de la biodiversité, du dépassement des limites de la planète, mais aussi de l’urgence sociale et de la nécessité d’une transformation économique mise au jour par la crise sanitaire, des écologistes vont avoir la capacité d’impulser les réformes nécessaires dans de grandes métropoles. C’est une très bonne nouvelle.

Déjà de nombreux territoires en France mettent en œuvre des programmes de transition énergétique, écologique et sociale dont l’encyclopédie s’efforce de rendre compte. Mais les actions les plus déterminées concernent souvent des territoires ruraux ou à faible densité de population. Pour la première fois l’objectif de développement durable - un développement de tous les hommes en harmonie avec la planète qu’ils habitent - va commencer à recevoir une concrétisation de l’action publique dans ces grandes métropoles dont l’empreinte écologique est particulièrement élevée.

L’enjeu est très important dans un monde où la population s’est concentrée dans de vastes conurbations. En effet les métropoles urbaines sont affectées de maux qui affectent gravement la résilience de leurs populations : pollution de l’air liée aux déplacements automobiles pendulaires et aux forts besoins d’approvisionnement, fortes inégalités, ségrégation spatiale et relégation des plus pauvres en lointaine banlieue, autonomies alimentaire, en eau et autres ressources, proches de zéro, faible végétalisation et nombreux climatiseurs accentuant les canicules, ...Il est certain que les réussites des nouveaux exécutifs aux commandes seront observées de près et auront valeur d’exemple.

Qu’est-ce que le développement durable et comment l’atteindre ? Notre encyclopédie a été créée précisément par Michel Mousel et Jean Pierre Piéchaud en 2006 dans le but d’éclairer le grand public sur ses différents aspects social, économique, environnemental, …, en mettant en lumière le haut niveau de transformation du cours des choses qu’il requiert. Au moment infiniment triste où il vient de nous quitter, nous avons le bonheur de publier un texte lumineux de Michel Mousel qui synthétise toutes ces exigences. Publié en 2005 par la revue Mouvements, son texte « le pilotage du développement durable » n’a pas pris une ride. Il rappelle l’ambition et la profondeur de ce projet pour l’humanité :

« Le développement durable redonne d’abord un sens au développement, sens perdu dans les pratiques d’un demi-siècle de politiques du même nom et leurs échecs, dans la confusion entretenue avec la croissance matérielle par inversion entre la fin et les moyens.
Il s’agit d’élargir constamment les droits reconnus aux individus et aux collectivités dans l’ordre de l’épanouissement physique et intellectuel, … de rechercher l’équité dans le respect de ces droits et notamment dans l’accès aux biens et services qui le rendent possible, alors que nous vivons dans un système basé sur l’inégalité, fondement de cette croissance à la recherche sans fin d’un « rattrapage », d’assurer un règlement des conflits et contradictions naissant de ces exigences qui exclue la violence physique et l’hégémonie d’une minorité , ce qui veut dire en particulier le progrès de la qualité de la démocratie
 ».

Les craintes exprimées par Michel Mousel dans cet article sur les difficultés rencontrées au niveau international dans la concrétisation de la marche vers un développement durable ne sont pas moins d’actualité. Malgré la création du PNUE et l’accord de Paris sur le climat, nous assistons avec consternation à l’incapacité des Etats à produire des engagements permettant de rester sous la barre de 1,5-2° de réchauffement par rapport à 1990. L’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, l’extinction massive de la biodiversité, les luttes pour l’accès aux ressources, l’accroissement des inégalités se poursuivent.

Il y a urgence à promouvoir de nouveaux modèles de développement pour changer de trajectoire, il y va du bien être des jeunes générations. Les politiques de petits pas ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Au-delà des efforts des nouveaux exécutifs issus des récentes élections municipales, c’est une pression continue que les opinions publiques doivent exercer pour élever le niveau d’exigence des politiques nationales et internationales.

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